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La derive des inconvenants

Lino Faringyte

Lino Faringyte

Le front a toutes les vitres comme font des veilleurs de chagrin. Eluard Paul [+]

J’suis arrivee a la gare de Lyon par le train de Marseille en debut d’apres-midi. JL, qui m’attendait sagement sous l’entree ouvragee du train bleu, a fait valdinguer mon sac de voyage dans le epaule comme un paquet de sottises. Cela m’a tout de suite emmenee au sein d’ un hotel que celui-ci avait commande lait de reserver a dix minutes a pied du parvis d’une gare.

J’aime ses gestes vifs et energiques, il sait prendre les choses en main et t’emmene ou tu veux, bien en souplesse et fermete. Il faisait grand soleil apres la pluie battante d’une matinee et je crois que j’aurais d’abord voulu m’asseoir a une terrasse de cafe i  ci?te de lui. J’aurais ecluse des verres de Chablis afin d’effectuer descendre legerement la pression beaucoup plus precedant notre rendez-vous. C’est mon remede antistress, mon pare-feu en or liquide aux emotions qui souvent me submergent en bourrasques sauvages et desordonnees. H mois qu’on s’etait quitte sans rien se promettre au croisement de la rue Daguerre et de l’avenue du Maine. J’avais alors profite de la proximite du petit cimetiere du Montparnasse Afin de aller me rendre sur la tombe de ma s?ur. Chercher la petite allee dans le dedale a ciel ouvert, lire les dates, son nom, pour etre sure, moi qui doute de tout.

J’aurais aime prendre le temps de le voir, de me familiariser a nouveau au milieu des traits de son visage male, envisager sa grande carcasse qui bouge forcement avec la grace d’un fauve, m’attarder sur ses bonnes mains de sculpteur et le renflement prometteur sous l’etoffe du pantalon. Plus je prends de l’age et moins j’suis pressee que nos choses se passent. Je pourrais le affirmer, depuis deux mois, j’habite devenue experte en montage de mayonnaise, ainsi, ca faisait des jours que je battais la mesure a grands coups de textos coquins. En outre qu’est-ce que j’en ai a faire du regard offusque des serveurs, qu’est-ce que y’en a a foutre d’avoir l’air impudique, de reluquer comme une louve l’homme que je desire ?

Dans la chambre d’hotel, j’ai ote ma veste legere et J’me suis assise au bord du lit, tout aussi legere. J’avais les epaules nues sous mon caraco de dentelle rose pouffe. Dans la semi-obscurite, il a surpris se detacher l’eclat d’la peau doree et l’a tout de suite saisie a pleines mains. Cela y avait de l’urgence, du temps a rattraper, du sexe a boire et a bouffer. Cela a caresse le corps bien entier, faire mes bras, faire mes fesses, les seins, mon ventre qui se soulevait d’envie et l’interieur de mes cuisses qu’il a degote si doux. J’ai roule via le sein, un oreiller cale sous le bassin et j’ai remonte un genou pour laisser a ses doigts toute latitude. Cela a caresse doucement le sexe sans trop de pression et je n’ai plus cesse de couler. Cela s’en reste amuse : « Ca s’arrete jamais chez toi ! » On a fera l’amour bien l’apres-midi avec de breves pauses ou nous n’avons rien degote a penser, ou nous n’avons rien deniche de mieux que de nous voir le fond des yeux. Qu’est-ce qu’il peut teenchat conseils bien y voir ?

J’habite mariee et lui vit depuis sept ans avec une femme belle et moins i?ge que moi. Je le sais, ils sont tous 2 en fond d’ecran sur son portable. Je m’etais imagine qu’il n’y avait dans notre liaison aucune place Afin de les gestes tendres, j’etais la pour la baise, il etait venu Afin de me faire jouir a en crever avec presque d’une rage. J’ai bien ainsi pris la liberte de poser ma tronche dans son torse, jamais comme la derniere fois ou les corps seront restes a excellente distance l’un de l’autre apres l’assaut. Cette fois-ci, j’etais dans ses levres a emplie bouche, j’ai aspire sa langue et je l’ai lechee tel le jus suave et rouge d’un fruit mur. J’avais des desirs cannibales, des envies de guerres saintes et de larges glaives. Plusieurs fois, je l’ai suce avidement avant qu’il me penetre avec force, il fallait que je le sente aller et venir entre mes fesses, qu’il insuffle encore plus de vie dans la moiteur de ma chair. Je ne suis nullement prete a ceder a votre injonction adressee aux femmes de cinquante ans d’arreter de desirer, de baiser, de crier, de devenir bonnes encore. Moi je n’ai pas envie de sous-vivre, de sous-jouir et je vous emmerde tres cordialement !

Prochainement, JL m’a emmenee diner au sein d’ un excellent restaurant italien. J’ai sacrement ri a ses blagues, j’ai beaucoup bu, j’ai parle a Notre terre entiere toute retrecie et toute bruissante de rires semi-etouffes autour de nous, je l’ai encore devore des yeux, c’est que j’avais forcement faim ! Un client quelque peu bourre a trouve JL bel homme, il beuglait aussi qu’il n’etait gui?re gay, comme pour s’en persuader. J’ai surencheri : « Neanmoins, naturellement qu’il sera beau ! »

Quand on s’est dit au revoir via le trottoir du boulevard Diderot, la tete lourde et le sexe douloureux, je l’ai regarde partir comme l’enigme a la fois radieuse et triste du train qui s’arrache au quai. Cela ne semble s’i?tre gui?re retourne, le metro a vibre sous mes pieds et j’ai d’emblee pense que la tectonique des plaques, j’ai ete vraiment nullement une chose a prendre avec legerete.

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